Val-d'Oise
Le 21 mai 1987 dans le Val-d’Oise : inauguration du parc d’attractions Mirapolis et début des montagnes russes
80 ANS DU PARISIEN. Ce jour-là, le tout premier parc d’attractions d’Île-de-France ouvre ses portes à Courdimanche, au lendemain de son inauguration par Chirac. Il ne fonctionnera que cinq saisons, après une courte existence pleine de rebondissements, et continue de faire parler de lui aujourd’hui encore dans votre édition du Val-d’Oise.
Par Marie Persidat
Le 24 mai 2024 à 10h35
Jacques Chirac hilare, au pied du géant Gargantua. C’est cette photo étonnante du Premier ministre qui fait la une du Parisien le 21 mai 1987. Le cliché a été pris la veille, lors de l’inauguration du parc d’attractions Mirapolis, situé à Courdimanche (Val-d’Oise), dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, à seulement une trentaine de kilomètres de Paris. Le jour même de la parution, le grand public a pu découvrir à son tour la Descente des rapides ou le Palais des sortilèges, deux des manèges phares de ce site novateur.
« Se félicitant de la rapidité de construction du premier parc de la région, le Premier ministre ne cachait pas sa fierté devant une telle réalisation », était-il précisé à l’intérieur du journal. Chirac s’était exclamé : « J’applaudis les réalisateurs, les animateurs qui ont su prendre le risque d’une telle entreprise. Les grandes personnes s’y amuseront autant que les enfants, à l’image de Gargantua qui savait travailler mais aussi s’amuser. Mirapolis, c’est géant. »
Neuf zones d’animation, quatorze manèges et trente hectares...
L’article est mentionné en grand sur la une du Parisien national. Ce nouveau parc d’attractions fait beaucoup parler de lui. Il faut avouer que les citoyens ont peut-être besoin de se laisser porter par cet air de fête : en mai 1987, la France peine à se remettre du suicide de Dalida et le procès de Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité vient de s’ouvrir devant la cour d’assises du Rhône. Au milieu de cette actualité plutôt sombre, un peu de légèreté ne fait pas de mal.
Le Parisien Val-d’Oise matin sait déjà depuis un moment que ce Mirapolis fera date. Une semaine avant le jour J, il dévoilait déjà en détail les surprises qui attendaient les visiteurs à Courdimanche. « Neuf zones d’animation, quatorze manèges et cinq mille places pour des spectacles automatisés ou scéniques, deux hectares et demi de lacs et de bassins font des trente hectares de Mirapolis le plus grand parc français de loisirs », écrit alors l’un des journalistes de votre quotidien. « Rien que sur les manèges, 17 500 personnes pourront connaître chaque heure le grand frisson. »
Si cette ouverture est tant attendue, c’est parce que le site est, à l’époque, vraiment pionnier. Le Futuroscope de Poitiers n’est pas encore tout à fait lancé (il accueillera ses premiers visiteurs à la fin du même mois), le Parc Astérix n’existe pas encore, le parc Disneyland Paris est à l’état d’ébauche. « Thoiry, la Mer de sable, Mirapolis : tiercé gagnant ! » est-il mentionné dans le chapeau de l’article, faisant référence aux deux seuls autres parcs situés à proximité. À Courdimanche, on change de dimension, tout est démesuré. Votre quotidien cite également une déclaration prometteuse du secrétaire d’État à la Culture, un certain Philippe de Villiers, venu trois mois plus tôt sur le chantier : « Mirapolis, créé sur le thème des légendes de notre pays, est le symbole de ce que doit être la France du loisir culturel. »
Les forains « cassent la baraque »
À la veille de l’ouverture, le journal consacre une page entière à l’événement, publiant une carte du parc avec une sélection des « neuf haltes à ne pas manquer ». Toutes les informations pratiques sont évidemment mentionnées : le prix d’entrée à 100 francs pour les adultes et 70 francs pour les moins de 12 ans, les parkings, les lieux de restauration. Le lendemain du lancement, Mirapolis est toujours l’un des thèmes principaux du journal mais pas à la même rubrique : « Les forains cassent la baraque », est-il annoncé en une.
À l’intérieur, on décrit comment ils ont « attaqué Gargantua ». Quatre-vingts forains sont entrés dans le parc en payant leur entrée, puis se sont répandus dans les allées. « Brusquement, ils sortent les matraques et des barres de fer de sous leurs blousons et se ruent sur les manèges qu’ils commencent à détériorer. » Cette action commando a dégénéré en bagarre générale, stoppée seulement par une descente en nombre de représentants des forces de l’ordre casqués et armés.
Les forains voulaient « protester contre les avantages dont disposent les parcs d’attractions », ils considèrent que les taux de TVA appliqués en fonction des activités sont désavantageux pour eux. Mais la révolte ne durera pas. Quelques jours plus tard, Jacques Chirac charge Georges Chavanes, ministre délégué auprès du ministre du Commerce, de l’Artisanat et des Services, de mener une concertation entre les forains et les différents ministères.
La page est tournée, la fête reprend à Mirapolis. « Le parc a ouvert quelques semaines après mon arrivée à Cergy », se souvient Amélie, alors en CE2. « C’était unique en France, ça m’a donné l’impression d’arriver dans une ville moderne et importante ! » La Cergypontaine adorait l’aspect aquatique du site l’été : « Il y avait beaucoup de jets d’eau, des barques jaunes sur le lac. Un manège en descente avec de grosses éclaboussures rafraîchissantes à l’arrivée. »
Olivier a grandi à seulement 1 km de ce paradis du jeu. « À partir de 1988, quand le Club Med a repris (le projet initial, dessiné par l’architecte Anne Fourcade, était porté par la société Paris parc présidée par le milliardaire saoudien Ghaith Pharaon), ils ont apporté plus de manèges à sensations », se souvient celui qui vit aujourd’hui à L’Isle-Adam (Val-d’Oise). « J’y passais tout mon temps libre ! J’avais un abonnement annuel, pour 300 francs, on avait un accès illimité. » Sur place, le jeune garçon voyait fréquemment le chanteur Carlos, présent tous les mercredis, et il lui est arrivé d’y croiser Johnny Hallyday. « J’adorais le Gravitron, ça tournait super vite ! »
Un fiasco financier
Dans le discours de la plupart des jeunes visiteurs qui se souviennent, revient toujours « le parcours dans un petit wagon à l’intérieur de Gargantua », comme le décrit Christophe. « C’était sur le thème du fonctionnement du corps humain », ajoute Amélie. C’est ce géant haut de 35 m qui résistera le plus longtemps. Car le parc, qui a nécessité un investissement de 500 millions de francs, s’est révélé un fiasco financier. La fréquentation de 2 millions de visiteurs par saison (de fin mai à fin octobre) visée dans le business plan n’a jamais été atteinte.
Le parc passe de main en main et finalement, en 1989, les forains, ceux-là mêmes qui avaient menacé de tout casser lors de l’ouverture, intègrent l’équipe de gestion. Marcel Campion et ses proches viennent installer leurs manèges. « La dernière année, beaucoup d’attractions étaient souvent en panne, c’était mal entretenu », se souvient Olivier. « On sentait le déclin. » Cela n’a donc pas été une surprise lorsque Mirapolis a fermé définitivement ses portes en octobre 1991. Toutes les attractions ont été démontées, revendues pour la plupart. Les derniers bâtiments sont ensuite démolis, sauf Gargantua qui reste vaillamment debout. Il sera finalement dynamité en 1995.
Depuis la végétation a repris ses droits, mais le site que les habitants nomment toujours Mirapolis continue de faire parler de lui. En 2003, une grande rave-party y a été organisée, policiers, pompiers et gendarmes y mènent souvent des exercices. « J’y vais encore souvent en balade », souffle Olivier, nostalgique. « Par-ci par-là, on peut encore voir des vestiges, quand on connaît bien », raconte celui qui est même le coadministrateur d’un forum consacré au parc et toujours actif. Les anciens visiteurs ne veulent pas oublier. Mais sont tout de même prêts à voir le site renaître d’une autre façon, comme il en est question actuellement avec un nouveau projet immobilier. « Il faut bien faire quelque chose de ce terrain… »
le parisien du 24.05.24
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Re: le parisien du 24.05.24
le "olivier" de l'article, c'est moi
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Re: le parisien du 24.05.24
Super sympa cet article. J'aurais aimé lire encore plus de souvenirs, mais c'est super cool.
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Re: le parisien du 24.05.24
Pourtant on est resté plus d'une demi heure au téléphone, mais elle n'a retenu qu'un très cours condensé de mes propos